Dans les salles d’accouchement de certains centres de santé du Burkina Faso, un silence pesant entoure une pratique médicale très répandue : l’épisiotomie. Cette incision chirurgicale, pratiquée sur le périnée lors de l’accouchement pour élargir l’orifice vaginal, est destinée à faciliter la sortie du bébé. Pourtant, pour de nombreuses femmes, elle s’accompagne de douleurs et de traumatismes.
Ramatou (nom d’emprunt), 32 ans, se souvient de sa douloureuse expérience de l’accouchement. « Je n’étais pas préparée. On ne m’a rien dit et on ne m’a pas anesthésiée pendant l’intervention. La douleur était atroce, et les points de suture étaient encore pires », raconte la jeune dame, visiblement traumatisée par ce souvenir. Son calvaire ne s’est pas arrêté à la sortie de l’hôpital. « S’asseoir, se coucher… tout mouvement était une torture. Ma mère est venue m’aider, mais je n’ai pas pu allaiter ma fille tellement je souffrais. Les sutures avaient été mal faites et certaines se sont détachées. Je pense que l’accouchement est moins douloureux que cette blessure. Lorsque je suis retournée au centre de santé, on m’a dit qu’il fallait refaire les sutures. J’en ai eu les larmes aux yeux », se remémore-t-elle. Cette fois-ci, Ramatou a eu la chance d’être anesthésiée, mais le processus a retardé son rétablissement post-partum et l’a privée de précieux moments de complicité avec son nouveau-né.